Histoire 97 - 98

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Notre histoire écrite avec J Cassabois et nos camarades de Combs la Ville

Les auteurs

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Le résumé de l'histoire
L'histoire

Notre rallye lecture autour d'une oeuvre de J Cassabois : les quatre fils de la terre.

Dossier pédagogique


 

Introduction
de Jacques Cassabois

Les pattes crispées au bord du nid, l'oiseau hésitait. Il regardait le vide autour de lui et l'arbre voisin qui emmêlait ses branches aux siennes. Il tendait son cou vers la terre en poussant des cris, rauques pour un si jeune, cherchait sa mère et son père qui l'encourageaient en criant eux aussi.

" Va ! Il est temps ! "

Et leurs voix, inlassables, martelaient cet ordre avec toutes les nuances que donne l'autorité ; de l'agacement à la colère.

L'oiseau avait bien compris qu'il ne pouvait rester davantage et ce n'était pas le vol qui l'intimidait. Certes, il ne maîtrisait pas encore parfaitement la technique, car ses parents, depuis quelques jours ne lui avaient enseigné que les rudiments nécessaires a réveiller sa nature d'oiseau. Son vol était encore maladroit, heurté, chaotique. Mais la souplesse viendrait avec l'expérience, l'aisance avec le temps. Cela, il le savait et ne s'en inquiétait pas.

Non, ce qui l'épouvantait vraiment, au point de l'accrocher si fort au nid, c'était l'abandon, le grand vide de l'aventure qu'il s'apprêtait à affronter.

Quand ses parents en parlaient, ils disaient, dans leur langage d'adultes :

" C'est la vie ! "

Et il avait peur de s'élancer dans cette vie.

Un coup, soudain, l'obligea à lâcher prise. Il n'eut pas le temps de comprendre qu'il se sentit hors du nid, hors de son arbre, saisi par le vent qui l'entraînait, dans un courant contre lequel il ne pouvait pas lutter.

Il se laissa porter, gouvernant de temps à autre en inclinant ses ailes, en déployant ses plumes. Il plana ainsi, longtemps et, quand le vent tomba, lui rendant toute liberté de se diriger, il se rendit compte qu'il survolait un pays inconnu, loin, bien loin du nid de son enfance.

Ce premier vol et les émotions du départ l'avaient fatigué. Il éprouvait un grand besoin de repos, un grand besoin de réconfort. Il aperçut alors un bois sous ses ailes et il plongea vers lui avec l'intention de s'y reposer un instant.

Il avait à peine posé les pattes sur une branche que l'arbre agita son feuillage avec vigueur, secoua ses ramures comme s'il était saisi par la tempête. Ce n'était ni une tempête, ni une tornade, ni aucun des grands mouvements naturels du vent. C'était de la colère, de l'égoïsme, de la méchanceté. L'arbre ne voulait pas d'oiseau chez lui.

" Pas d'oiseau ! Pas de nid ! Pas de chants qui perturbent mon silence ! Va t'en d'ici, tu m'entends, emplumé ! Tu n'es pas le bienvenu ! "

L'oiseau, intimidé par cette mauvaise humeur s'envola sans demander son reste et, comme le bois était vaste, se posa sur l'arbre voisin de ce mauvais coucheur.

Mais le voisin l'accueillit avec la même grossièreté et le chassa, avec des paroles encore plus sévères. Et le troisième arbre fit de même, avec des injures ; le quatrième se fendit par le milieu tant il était scandalisé par le sans gêne de ce visiteur et tous les autres, à leur façon, fermèrent leurs portes à l'étranger...

" Que vais-je devenir, si personne n'accepte de m'accueillir ? se demanda l'oiseau. Où vais-je faire mon nid ? Faire ma vie ? Si je suis né pourtant, c'est bien qu'une place m'a été réservée, sinon, à quoi bon venir au monde... "

Il songeait ainsi, tristement, en quittant le bois. C'est alors que, prenant de l'altitude, il aperçut un détail qu'il n'avait pas remarqué jusque là et qui lui redonna espoir...

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Suite rédigée par les élèves de Combs la Ville
Classe de Jean-Pierre Bantignies

 

C'était un arbre doré, il s'en approcha. Sur l'une de ses branches, il aperçut un nid vide.

L'oiseau pensa qu'il fallait être poli pour que l'arbre veuille bien l'accepter.

"- Bonjour, Monsieur l'arbre doré, puis-je m'installer sur le nid vide que j'ai aperçu sur l'une de vos branches si jolies ?"

Au moment où l'arbre voulut répondre, un oiseau arriva en criant :

"- Poussez-vous, je veux atterrir !"

Boum ! (les deux oiseaux se percutèrent).

"- Que voulez-vous ? dit l'arbre au deuxième oiseau.

- Je veux vivre dans ce nid !

- Puisque vous êtes deux, vous allez faire trois épreuves. Celui qui gagnera le plus d'épreuves vivra dans ce nid. La première épreuve désignera celui qui vole le plus vite. En place, messieurs, nous commençons tout de suite ! Vous devez aller jusqu'à ce châtaignier et revenir, en volant bien sûr. A vos marques, prêts, partez !"

 

Cui prit un départ fabuleux. Il arriva très vite au châtaignier et le contourna.

Cru passa de l'autre côté. Il donna un coup de bec dans l'aile de son rival. Cui dévia de sa trajectoire et se cogna contre un arbre qui se mit à rouspéter :

"-Eh! L'oiseau! Où est-ce que tu as appris à voler : tu m'as fait mal!

- Je ne l'ai pas fait exprès !

- Je ne veux rien savoir ! Va t'en !

- Bon, d'accord."

Il s'en alla. Quand il arriva à l'arbre doré, Cru était déjà là.

-"Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Nous t'attendons depuis longtemps !

- Tricheur, tu m'as poussé!

- Cru est arrivé avant toi, il a gagné. Mauvais joueur !" trancha l'arbre.

Cui perdit donc la première épreuve.

 

"La deuxième épreuve déterminera le meilleur chasseur. Le premier qui me ramènera trois vers de terre gagnera cette épreuve. Allez-y !"

Cui et Cru s'envolèrent. Le premier s'aperçut qu'il pleuvait. Plus loin, il vit un champ plein de boue dans lequel il remarqua un gros ver gluant.

Pendant ce temps, Cru, grand chasseur de renommée mondiale, trouva 2 annélides. Il décida de (pas 2) couper 1 des 2 en 2. 1+2=3. Contrat rempli.

Cru n'eut plus qu'à revenir à l'arbre doré. Celui-ci dit :"Cru a gagné !"

Mais un des trois vers proclama :"Cet oiseau m'a coupé la tête, il a triché, c'est un tricheur".

Et l'arbre dit : "Puisque c'est ainsi, Cui a gagné."

 

Vint le moment tant attendu de la troisième épreuve...

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Suite rédigée par les élèves de Germigny l'Evêque
Classe de Fabienne Dachet

 

-" Puisque vous avez remporté chacun une épreuve, cette troisième manche vous départagera.

Il s'agit d'une épreuve de courage. Vous devrez me rapporter la graine d'une plante dorée qui pousse dans un pays lointain et volcanique, au milieu d'un sable couleur de miel, au delà des mers...

- Pourquoi aller si loin pour une graine ? interrompit Cru

- Parce qu'il s'agit d'une graine exceptionnelle et magique, répondit l'arbre avec douceur.

- Je n'ai pas envie de me fatiguer pour une graine, même exceptionnelle, magique ou je ne sais quoi ! reprit Cru boudeur.

- Laisse l'arbre finir son explication, tu vois bien qu'il veut dire quelque chose d'important ! intervint Cui. Et puis, il y a le nid, regarde comme il est douillet et accueillant ! Si l'épreuve te fait peur, moi elle m'intéresse !

- Moi, peur ? Tu ne me connais pas ! s'exclama Cru.

- Celui qui me rapportera la graine, reprit l'arbre, trouvera un nid et... le bonheur... C'est si important le bonheur !

- Pourquoi dis-tu cela ? tu n'es pas heureux ? fit Cui.

- Hélas, non. Cette épreuve est aussi un service que je vous demande. Je suis en danger de perdre mes pouvoirs et mon immortalité. L'ennui me fait lentement périr. Déjà mes feuilles se ternissent, bientôt elles tomberont, mes branches se dessécheront, et adieu nid et bonheur...Seule la graine magique pourra me sauver et mettre fin à ma solitude et mon ennui.

- Excusez-moi, monsieur l'arbre, mais comment pourrons nous survoler les océans avec nos petites ailes si fragiles ? Nous n'y parviendrons jamais ! dit Cui.

- Je vous aiderai : il vous suffira de prendre deux feuilles magiques : elles vous permettront de planer au dessus des mers sans vous fatiguer. A présent, partez sans tarder et... préparez-vous à affronter des dangers".

Cui partit à l'Est, Cru à l'ouest. Quelques semaines plus tard, un grand coup de vent emporta Cui et les deux oiseaux se percutèrent à nouveau : BOUM !

"- Encore toi !" s'écria Cru.

Un rayonnement attira leur attention : ils se trouvaient à proximité d'une prairie sur laquelle le soleil se reflétait. Cru voulut se poser, mais quand il atterrit il s'enfonça dans des marécages : ces marécages étaient recouverts d'herbes, de feuilles et d'algues. Cui cria :

"- J'arrive !"

Il sauva Cru en le tirant par la queue.

"- Eh, tu m'as arraché une plume !"

Cui haussa les épaules.

Ils poursuivirent leur route et arrivèrent au même moment sur une montagne de feu, entourée d'un sable couleur de miel.

"- Mais où peut bien être cette plante dorée ? ..." se demandait Cui.

Tout à coup un phénix géant surgit du cratère. Sous le feu du volcan ses plumes multicolores brillaient, ses yeux perçants se fixèrent sur l'oisillon qu'il attrapa avec ses serres crochues. Cui se mit à crier :

"- Au secours, au secours !" et il s'évanouit de peur.

"- Profitons-en, se dit Cru, pour arriver le premier à la plante dorée !"

Mais l'appel de Cui lui avait brisé le cœur. Il fonça sur le phénix et lui picora la tête. Le phénix, agacé, lâcha Cui et Cru n'eut que le temps de le rattraper.

Ils atterrirent tous deux sur les pétales d'une plante dorée et majestueuse. Cui se réveilla et comprit que Cru l'avait sauvé : il le remercia.

Poliment, il demanda à la plante de leur donner la grosse graine qu'elle soutenait, et la plante sourit :

"- Seuls des cœurs d'or pouvaient parvenir jusqu'à moi, mais la graine est trop lourde, il faudra la porter tous les deux !"...

Les oiseaux, après quelques instants de réflexion, acceptèrent : l'arbre avait besoin d'eux... Ils déposèrent la graine sur une feuille d'or, mais en chemin, la belle feuille se ternit, se flétrit, et la graine tomba dans des chutes mortelles et vrombissantes.

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Suite de Jacques Cassabois

 

Un torrent coulait au-dessous d'eux et il piquèrent aussitôt dans sa direction.  Mais retrouver une graine dans ces eaux bouillonnantes, c'était pire que chercher un aiguille dans une meule de foin !
Les deux oiseaux survolèrent plusieurs fois la zone, sans succès, et finirent par se poser sur le rameau d'un saule qui poussait sur la rive.
" Si on cueillait une autre graine, fit Cru. Tu crois que l'arbre se rendrait compte de la différence ?
- Si elle est magique, il ne lui faudra pas longtemps pour voir qu'on l'a trompé. On ne peut pas le décevoir.
- Qu'est-ce qui nous prouve qu'elle est vraiment magique ? insista Cru.
Pour l'instant, tout ce qu'on en sait, c'est ce que l'arbre nous en a dit...
- Quel intérêt aurait-il eu à nous mentir ? demanda Cui, étonné par les doutes de Cru. Et puis... nous engager dans un voyage pareil !...  C'est impensable, réfléchis !"
Cru demeurait perplexe.
"  Franchement, je ne sais pas quoi te répondre ...
- Alors !
- Alors, ce n'est pas parce que je ne trouve pas de réponses à tes questions qu'il n'y en n'a pas ! 
- Autrement dit, tu apportes de l'eau à mon moulin ! Dans un cas comme dans l'autre, il vaut mieux qu'on la retrouve...
- Bon ! admit Cru. Et comme ton moulin ne manque pas d'eau, plaisanta-t-il en pointant une aile vers le torrent furieux !...On n'a plus qu'à reprendre les recherches !
- Tiens ! se dit Cui. Depuis notre première rencontre, c'est la première fois qu'il me dit un mot aimable... "
Ils se remirent donc à survoler le torrent, à partir de l'endroit où la feuille était tombée, puis ils longèrent les rives vers l'aval.
Soudain, Cui s'écria:
" Cru, regarde ! Elle est là ! Sur cette pierre ! "
Cru le rejoignit à tire d'aile. En effet, la feuille était sur un rocher qui surplombait le torrent, hors d'atteinte des flots, à peine mouillée par les éclaboussures.

"  C'est incroyable ! On a survolé ce caillou dix fois sans la voir ! J'en suis sûr ; je le reconnais avec sa mousse. Tu parles... le doré de la feuille sur ce vert... Si elle avait été là, je l'aurais vue à tout coup !
- C'est peut-être la preuve qu'elle est bien magique ! répondit Cui.
Qu'elle peut apparaître ou disparaître... Tu vois qu'on a bien fait de ne pas se décourager. D'ailleurs, tu ne remarques rien ?
- C'est vrai ! Maintenant que tu le dis... Je ne m'en étais pas rendu compte. "

La feuille qui était tombée fanée et toute recroquevillée était maintenant fraîche, parfaitement ouverte et la graine reposait au centre, comme une perle au creux d'une main...
" Va savoir, si elle n'a pas essayé de nous mettre à l'épreuve, en tombant ! dit Cui.
- Pour tester nos réactions ? Tu crois ?...
- Pourquoi pas. Est-ce qu'on allait abandonner, chercher  ou tricher?... "


Mais pendant qu'ils étaient en train de s'interroger, ils ne remarquèrent pas   qu'une truite s'approchait de la rive, entre deux eaux. Ils la virent lorsqu'elle jaillit du courant pour sauter sur le rocher.
Trop tard ! Elle avait déjà gobé la graine et replongeait dans le torrent.
" Tiens, on est bien avancés, maintenant ! hurla Cru. Tout est fichu !
On aurait mieux fait de la mettre à l'abri plutôt que de perdre du temps avec tes suppositions idiotes ! "
Cui était tellement désespéré qu'il ne trouva rien à répondre. Cru en profita, retrouvant sa fierté où pointait le mépris. Il ironisa en grimaçant :
" Alors ?... Elle est magique ou elle pas magique ? On triche ou on triche pas ? Gna, gna gna !... C'est le moment d'en parler, hein ! On efface tout et on recommence... "
Le torrent alors, imita Cru. Il se mit en colère à son tour, gronda, roula des eaux furieuses. Soudain, une vague balaya le rocher où s'étaient posés les deux oiseaux. Cui la vit. Il eut le temps de s'envoler. Mais cru, tout à sa méchanceté,  ne sentit rien venir et fut projeté sur la rive, à moitié assommé.
"  Inutile de se disputer, lui dit Cui en lui lissant les plumes pour le sécher. Il faut rester unis, sans quoi nous n'y arriverons jamais.
- Tu es tout de même un imbécile ! siffla Cru, de mauvaise humeur. Tout est ta faute, tu entends ! Ta faute !- Admettons ! Et après ? C'est ce qui va nous faire retrouver la truite ? "
Il s'envolèrent tous les deux, Cui devant, Cru derrière, à distance,  descendant le courant. Ils le suivirent ainsi, sur des kilomètres sans découvrir le moindre indice de truite. Pas même une ablette ou un goujon auprès de qui se renseigner. Le torrent s'était apaisé, était devenu rivière. Une belle rivière vigoureuse, aux eaux froides et bleues. Ils commençaient à désespérer de rien trouver lorsqu'ils aperçurent, debout dans le courant, un pêcheur chaussé de hautes cuissardes. Au moment où ils s'approchaient de lui, l'homme venait de ferrer une prise et tirait sa ligne hors de l'eau. C'était une truite !... Leur truite !...

Quelle bête extraordinaire!

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Suite rédigée par les élèves de Germigny l'Evêque
Classe de Fabienne Dachet


Elle était énorme, belle, vive et vigoureuse. Eblouissantes, ses écailles dorées étincelaient au soleil comme les facettes d'un bijou précieux. Ses délicates nageoires ressemblaient à un voile de fils d'or.
Le pêcheur, bouche bée, en fut émerveillé :
"- De l'or, c'est de l'or ! et ses yeux des améthystes ! c'est une magnifique prise ! c'est un don du ciel !" Peu à peu il s'excita.
... "Si je vendais cette truite, ça me rapporterait gros ! je pourrais... me racheter une autre canne à pêche, un nouveau moulinet, de belles cuissardes...
- Oh la la ! s'exclama Cui, il est fou ! il se fait des châteaux en Espagne !
- Il va se retrouver le bec dans l'eau ! Il ferait mieux de nous rendre notre truite, cet idiot ! ajouta Cru
- Regarde, c'est atroce comme il lui enlève l'hameçon ! Il va lui faire mal !
- On s'en moque, pourvu qu'il lui ouvre vite le ventre, comme ça on récupérera la graine !
- Tu es un monstre ! s'écria Cui indigné, tu as un cœur de pierre !
-  Et toi, un cœur d'artichaut ! ... Mais, au fait, tu as vu la truite ? Elle n'était pas comme ça tout à l'heure ! elle est devenue d'or, comme la graine, comme la fleur, comme l'arbre ! ... Tu avais raison, la graine est bien magique !"
Et Cru tout à coup s'énerva : "Rends la nous ! sale pêcheur, sale voleur ! c'est notre truite, c'est notre graine ! "
Et pour mieux surveiller et insulter le pêcheur, les deux oiseaux se posèrent tout près de lui, sur un arbre chargé de bourgeons et de fleurs bleuâtres qui sentaient la framboise. L'homme avait retiré l'hameçon et se préparait à enfermer la truite dans une bourriche, quand soudain la graine tomba de la gueule de l'animal.
"- Regarde ! s'exclama Cui, elle a changé de couleur ! elle est toute banale ! Tu crois qu'elle est encore magique ?
- C'est vrai, dit Cru, maintenant c'est peut être la truite qui est magique !
- Ou bien les deux ? ajouta Cui
Les oiseaux s'interrogeaient ainsi, quand Cui remarqua :
- Ecoute ! le pêcheur est entrain de t'imiter !
- Oh ! que tu chantes bien petit oiseau ! tu as une voix en or ! s'exclamait le pêcheur tout joyeux et il se mit à siffloter.
- Il chante comme un oisillon sorti de l'œuf ! Il n'a pas d'oreille! c'est un peu comme toi d'ailleurs", se moqua Cru.
Le pêcheur continuait à imiter l'oiseau et Cru se mit à l'insulter. Plus Cru se moquait de l'homme, plus le pêcheur était content.
"- Pour les oreilles des hommes, tes insultes sont une douce mélodie ! On
m'avait dit que les humains étaient bizarres, mais à ce point ! s'étonna Cui
- Tu n'y connais rien, c'est vrai que je chante très bien, c'est de famille, mon père était lui aussi un chanteur et un chasseur de renommée mondiale, mon grand père aussi et...
- J'ai une idée, dit brusquement Cui, tu n'as qu'à chanter pendant que je délivre la truite !
- Laisse tomber la truite, allons plutôt chercher la graine...
- Et délivrer la truite ! dit à nouveau Cui
- Bon, d'accord, tu as gagné, cœur d'artichaut ! va délivrer ton poisson pendant ce temps je vais donner un concert et un cours de chant au pêcheur, il en a besoin, et toi aussi !"

Pendant que le pêcheur était occupé avec Cru, Cui en profita pour aller délivrer la truite prisonnière dans la bourriche. Il s'approcha du panier : tout autour, l'herbe était parsemée de fleurs bleues, rouge cerise et jaune d'or. Avec son bec fin et acéré, Cui coupa le fil de fer qui plaquait le couvercle de la bourriche et la truite plongea gracieusement dans l'eau, sans penser à remercier l'oiseau.
Le pêcheur, alerté par le bruit du plongeon, se mit en colère, attrapa son épuisette et captura Cru.
"- Un oiseau chanteur, ça vaut bien une truite dorée ! je pourrai te vendre toi aussi !" et il enferma Cru dans un panier.

Cui se cacha derrière des roseaux, il était désespéré. Il regardait la surface de l'eau s'agiter doucement :
"- Que faire ? Comment délivrer Cru ? C'était à cause de lui si son ami était prisonnier, si la truite ne s'était pas échappée, le pêcheur de l'aurait pas attrapé ! Et la graine ? comment la porter tout seul ? Il ne lui restait qu'une des deux feuilles d'or de l'arbre, l'autre avait été emportée par le courant ! Et l'arbre ?  Il allait mourir !"
Il se mit à pleurer. De petites larmes tombèrent sur l'eau, à ce moment la truite apparut.

 

Suite rédigée par les élèves de Combs la Ville
Classe de Jean-Pierre Bantignies

 

Elle lui demanda: "Pourquoi pleures-tu ?

- Je pleure car mon compagnon s'est fait capturer par le pêcheur. A cause de qui ? Hein ! A cause de vous ! ! !

- Désolé, mais j'étais tellement heureuse que je n'ai pas pensé à te remercier. Excuse-moi !

- Oui, mais c'est moi qui me suis laissé emporter par ma colère. C'est moi qui dois m'excuser, répliqua Cui tout penaud.

- Oh ! mais tu n'as pas à t'excuser, c'est un peu de ma faute si ton ami s'est fait capturer par ce vieux pêcheur tout ridé, confessa le poisson.

- Arrêtons notre charabia, je voudrais que tu m'aides à retrouver celui qui commençait à devenir mon ami: ce cher Cru ! ...

- Ne t'inquiète pas, ce pêcheur vient chaque jour au même endroit, taquiner le goujon ... et la truite, malheureusement pour moi. Il va sûrement ramener ton ami pour qu'il chante près de lui."

 L'animal à écailles avait raison, l'homme aux hautes cuissardes arriva avec tout son attirail mais aussi avec une cage à la main: Cru était dedans.

Aussitôt, Cui vola jusqu'à la cage. Le pêcheur ne l'avait pas vu, trop occupé qu'il était à préparer son matériel.

L'oiseau libre dit: "Comment vas-tu ?

- Ca va, répondit-il d'un air étonné, tu sais ce qui vient de m'arriver ?

- Non, dit Cui envieux.

- Je pensais être seul dans la cabane du pêcheur. Mais non, pas du tout, au contraire, il y en avait une cinquantaine comme moi ! ..."

 Cru n'eut pas le temps de finir; le pêcheur avait l'ouïe fine ! Il s'excita.

" Eh toi l'oiseau, qu'est-ce que tu fais là ?

- Vite ! Va-t-en !" cria Cru.

 Cui prit ses ailes à son cou et le pêcheur le poursuivit. Au bout de quelques kilomètres, le taquineur de goujons et de truites - malheureusement pour elles - se rendit compte qu'il s'était égaré.

Cui, qui avait beaucoup pratiqué la course d'orientation (son grand-père était oiseau migrateur), retrouva facilement son compère. Celui-ci dormait profondément car il avait chanté toute la nuit.

"- Cru, réveille-toi ! Je l'ai semé.

- Qui ? Le chat ?

- Mais non, souviens-toi de notre histoire !

- Ah ! oui, le pêcheur ! Quel cauchemar ! Bon, maintenant, dépêche-toi de me délivrer!"

Soudain, notre héros vit une clé argentée dans l'herbe touffue. Il pensa qu'elle pourrait peut-être ouvrir la cage.

Elle était tellement lourde qu'il eut beaucoup de mal à la traîner jusqu'à la prison de son camarade. Avec beaucoup d'efforts, il réussit à déclencher le mécanisme.

"- Enfin libre! merci Cui.

- Nous nous embrasserons plus tard, nous pourrions plutôt essayer de délivrer les otages du pêcheur. Je te propose d'aller tester la clé dans la serrure de la cabane.

- Bonne idée !"

 A deux, ils n'étaient pas de trop pour porter l'objet argenté. Arrivés sur les lieux, les deux emplumés n'eurent aucun mal à délivrer les compagnons de cellule de Cru.

L'envol fut grand, majestueux, multicolore, joyeux, magnifique, aérien, superbe,... 

 

Suite de Jacques Cassabois

« Ne restons pas ici. Envolons-nous, nous aussi, s’écria Cui. Car si le pêcheur venait à nous surprendre ici...
- Ça pourrait bien chauffer pour nos plumes... tu as raison ! »
Les deux amis s’envolèrent et n’entendirent plus jamais parler de ce sale bonhomme. Ils avaient mieux à faire et, plus le temps passait, moins ils en avaient à perdre.En effet, ils avaient fait une promesse à l’arbre doré et, tout bien observé, ils n’avaient guère progressé. Au contraire, depuis la
découverte de la graine, ils avaient fait du sur place, et même, pour être sincère, pas mal de marche arrière... Il ne s’agissait donc plus de se laisser retarder, par quoi que ce soit, mais si possible, de
rattraper le temps perdu.Ils arrivèrent à la rivière et recommencèrent à explorer la rive, à
l’endroit où le pêcheur était installé.
« Elle ne doit pas être bien loin, s’impatientait Cru. Quand il a jeté la truite dans sa bourriche, il était debout, là, à côté de cette souche. Je m’en souviens bien !  C’est donc là qu’on devrait la trouver !
- Elle a peut-être fini par glisser dans l’eau...
- Alors, si c’est ça... Je crois qu’on est bons pour retourner à la montagne de feu... »
En réalité, la graine leur crevait les yeux, mais ils ne la voyaient pas. Pour une raison bien simple. Ils cherchaient mal. Ils cherchaient la lourde graine rebondie qu’ils avaient cueillie sur la plante dorée.
Cette graine-là n’existait plus. Elle n’était plus ronde, plus dodue, mais sèche et raplapla, rabougrie, ratatinée, toute fripée comme une joue d’arrière-arrière grand-mère. Epuisée, elle était ; littéralement
vidée. Elle avait donné toute sa énergie. Morte, la graine ! Oui, morte !
« N’attendez plus rien d’elle, leur dit une onde de lumière qui éclairait la rivière.
- Qui parle ? demandèrent Cui et Cru.
- C’est moi, n’ayez pas peur ! »
Et le museau de la truite creva la surface.
« Elle ne vous sera plus d’aucun secours, j’en ai bien peur. En l’avalant, toute sa force est passée dans mon corps. Regardez comme j’ai changé. Elle était la graine et je crois bien que je suis le fruit...
- Qu’est-ce qu’on va faire, demanda Cui. On avait déjà du mal à transporter cette graine à deux, on ne pourra jamais t’emmener jusqu'à l’arbre doré.
- Même si tu remontais la rivière jusqu'à sa source. »
Ils étaient déçus et la truite qui se sentait coupable, s’en voulait.
«  Qu’est-ce qui m’a pris de manger cette graine, aussi !... Mais je ne sais pas ce qui s’est passé... Je n’ai pas pu m’en empêcher. La graine m’attirait... c’est comme si elle m’avait appelée...
- Je crois qu’il va nous falloir repartir vers la montagne... soupira Cui.
- Ou accepter de rentrer bredouilles, continua Cru, tristement... »
Ils restèrent un instant silencieux, hésitants sur leur choix, quand la truite murmura soudain :
« Il y a peut-être une autre solution...
- Quoi ? Laquelle ? Dis vite, s’empressèrent les deux oiseaux.
- Ce n’est qu’une idée, mais... Elle m’est venue en vous parlant de l’attirance que j’avais eue pour la graine... Qui sait si, en se faisant manger, elle n’a pas voulu vous faciliter le travail...
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Comme si elle avait pensé qu’elle était trop lourde pour vous, justement...
- Mais tu es mille fois plus lourde. Ça n’a pas de sens ! Tu dis n’importe quoi !
- Mais non, pas moi tout entière... Juste une partie de moi... Une écaille, ou deux ; chacun la vôtre... Regardez comme elles brillent. On dirait une cotte de mailles d’or fin. »
Les deux oiseaux se regardèrent, incrédules.
«  Tu crois qu’elles ont le pouvoir de la graine ? demanda Cui.
- Comment savoir ?
- Servez-vous ! Nous verrons bien si elles gardent leur bel aspect, une fois prélevées. »
Les deux oiseaux hésitèrent.
« Allez-y ! Prenez, insista la truite en tournant le flanc vers eux.
- C’est que... Cela risque de te faire mal.
- Vous parlez...  Une petite écorchure pour empêcher un bel arbre de mourir et donner un nid de bonheur à deux oiseaux... On voit bien que vous ne connaissez pas les hameçons... »
Cui et Cru s’approchèrent donc de leur amie et, du bout du bec, le plus doucement possible, ils se décortiquèrent chacun une écaille.
La truite poussa deux petits cris, mais par précaution, elle avait plongé la tête dans l’eau et seules deux bulles montèrent à la surface. Les oiseaux ne se rendirent compte de rien.
« Regardez ! s’exclama le poisson. Elles brillent toujours. Ne perdez plus un instant. Filez ! »
Les oiseaux voulaient s’attarder :
«  Laisse-nous te remercier, truite !
- Ne me remerciez pas. Je vous ai donné ce qu’on m’avait donné et qui ne m’appartenait pas. D’ailleurs, cette graine, sans vous, je ne l’aurais jamais mangée, alors ?... Ah si, tenez, une chose me ferait plaisir...
Un jour, si vous avez le temps, revenez me raconter la fin de votre voyage. Pour vous gagner du temps, je vais remonter la rivière jusqu'à sa source. Cru a eu une bonne idée, tout à l’heure. Je m’installerai là-bas.
- Promis, truite ! Compte sur nous, nous reviendrons ! répondirent joyeusement Cui et Cru. »
Ce furent leurs derniers mots. Ensuite, ils s’envolèrent, battant l’air de toute la force de leurs ailes. Par bonheur, le vent soufflait. Il était favorable...

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Conclusion rédigée par les élèves de Germigny l'Evêque. Classe de Fabienne Dachet

 

Tellement favorable qu'ils arrivèrent très vite à l'arbre doré. Son tronc était tout craquelé et avait perdu son éclat, ses feuilles étaient ternes et froissées.

Les deux oiseaux éprouvèrent une grande tristesse pour leur ami. Ils pleurèrent à chaudes larmes, ils avaient le coeur brisé. Cui dit timidement :

- " on a deux écailles"

L'arbre articula faiblement :

- " Tu n'as qu'à les planter dans ce trou".

Cru pensa :

- " la première va nous servir à faire un arbre doré et la deuxième à fabriquer un nid."

 

Tout à coup un arbre gigantesque et majestueux sortit de terre ; un fabuleux nid tout doux et chaud y poussa. Mais l'arbre doré lui, ne réagissait tout de même pas. Peu à peu il mourut malgré les efforts des deux amis. Les oiseaux étaient désemparés.

-" Ne pleurez pas gentils oiseaux, c'est la vie ! dit leur nouvel ami d'une voix douce. Vous avez fait tout ce que vous pouviez. Je suis né des racines de l'arbre doré, c'est moi maintenant qui ai hérité de ses pouvoirs. Vous avez découvert une amitié plus forte que tous les dangers, c'est le plus important. A vous de construire votre bonheur."

Les deux oiseaux se regardaient.

-" Si nous partagions ce nid ? Il y a bien assez de place pour deux.

- Tu as raison répondit Cru avec tendresse, sans toi maintenant la vie me paraîtrait bien longue et bien triste"

 

Les deux oiseaux vécurent heureux à l'abri de leur nouvel ami doré et allèrent souvent rendre visite à la truite.

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