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LA RUEE VERS L'OR EN CALIFORNIE. (TEXTE DOCUMENTAIRE)

 Le 24 janvier 1848, James Wilson Marshall, inspectant le *bief de la scierie qu'il est entrain de construire sur l'Américan River, à Coloma, pour le compte de John Sutter, a soudain l'œil attiré par un scintillement au fond de la tranchée.

"Il y avait un pied d'eau, qui coulait encore au fond. Je tendis la main, et mon cœur se mit à battre : quelque chose me disait que c'était de l'or. Le morceau avait à peu près la grosseur et la forme d'un pois. Puis j'en vis un autre dans l'eau, que je ramassai également. Je m'assis alors et me mis à réfléchir : c'était de l'or, j'en étais sûr, et pourtant il ne me semblait pas de la bonne couleur. Et si c'était seulement de la pyrite d'or ? Rien que d'y penser, je me mis à trembler…"

 Mais la pyrite est cassante, l'or malléable. Il y porte donc la dent, et son cœur se met à battre plus vite – il saisit une pierre, martèle sa découverte, qui se déforme : pas de doute c'est de l'or !
Tremblant d'excitation, il montre sa découverte aux ouvriers présents, puis à la femme d'un de ses associés, qui le trempe d'abord dans du vinaigre, avant de le faire bouillir avec sa lessive. Le lendemain, le forgeron recommence le test du marteau, pendant que les ouvriers fouillent la rivière. Marshall lui même explore la vase du bief quatre jours durant, comme s'il ne parvenait pas à y croire, et trouve trois *onces d'or. Aux hourras que poussent de leurs côtés les ouvriers, il ne fait pas de doute que la découverte est d'importance…

 D'importance ? Ce n'est pas la première fois, pourtant, que l'on trouve de l'or en Californie.
En 1839, un botaniste écossais, David Douglas (qui devait laisser son nom à une variété de pin), déclarait dans une lettre avoir ramassé quelques pépites dans la Sierra Nevada, entre les racines d'un arbre effondré.
En 1839, Alvarado, le gouverneur de Californie, avait extrait assez d'or aux alentours de Monterey pour s'en faire, disait-on, deux anneaux de mariage. Un certain Jean-Baptiste Ruelle, *trappeur français, avait découvert quelques pépites en 1841 près de Los Angeles….
… Et l'on avait extrait auparavant de l'or, ici et là, et en grande quantité, sans que se déclenchât la moindre ruée. 18 000 dollars de poudre et pépites auraient même été déposés, en janvier 1838, à l'Hôtel de la monnaie de Philadelphie, par des trappeurs français arrivés de Californie.
Pourquoi en alla-t-il autrement cette fois, au point d'ébranler le monde entier ? […] de déclencher "le plus grand mouvement de population depuis les croisades" comme l'écrira plus tard l'historien Théodore H Hittel. ?
 

Extraits d'après le livre de Michel le Bris Quand la Californie était française. éditions : Le Pré aux Clercs.

*bief : n m : 1) portion d'un cours d'eau, entre deux chutes ou d'un canal de navigation entre deux écluses. 2) canal de dérivation qui conduit les eaux d'un cours d'eau vers une machine hydraulique.
*once : n f :1) ancien poids qui valait la douzième partie de la livre romaine et la seizième partie de la livre de Paris. Mesure de poids anglo saxonne, utilisée au Canada qui vaut la seizième partie de la livre. = 28,349 g. 2) très petite quantité.
*trappeur : n m : chasseur professionnel du Nord des Etats Unis et du Canada qui fait le commerce des fourrures.

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