SUR LES PLACERS : témoignage
mineurs | outils | une batée |
Les premiers
mineurs s'étaient précipités vers l'American River et Mormon Island. Dès la fin de
1848, toute la région autour de Coloma était explorée. Les raids indiens, seuls,
limitaient l'extension vers le sud. Mais il semblait dit que rien ne pourrait résister à
la fureur des chercheurs d'or : quarante mille personnes dès 1849, soixante mille en
1850, cent mille en 1852, mêlant toutes les races et toutes les couleurs dans la même
ardeur à éventrer la Sierra Nevada, car de l'or on en trouve partout : il n'est pas de
jour qui ne porte une nouvelle histoire de fortune fabuleuse près de 71 tonnes
d'or arrachées de la montagne en une année, pour une valeur de 1 milliard et 125
millions de dollars actuels ! Epoque de rêve éveillé : l'or, tout simplement paraît
inépuisable..
Les premiers chercheurs d'or ne tenaient
pas en place, toujours à la recherche frénétique du filon mère, du "big
gold".
Mais quand les techniques d'extraction se
perfectionnèrent, exigeant pour un meilleur rendement une mise en commun du travail, les
premiers camps apparurent du même coup et les premières villes.
Des comptoirs de commerçants, d'abord, où
les mineurs, à prix d'or, trouvaient vivres, munitions, vêtements, outils, tabac et
alcool (la farine valait 45 dollars en 1850, une bougie 30 dollars, une livre de buf
séché 60 dollars). Suivirent bien évidemment, saloons, salles de jeu, hôtels
Du nord au sud : Downieville, Nevada City,
Grass Valley, Auburn, Hangtown (actuelle Placerville), Jackson, Sonora
Les
premières villes de l'or.
Dès la fin de 1849, la géographie du
"Mother Lode" (région du "filon mère") se trouve à peu près fixée
:
- Dans les mines du Nord, on trouve un
très grand nombre d'Américains. Les convois d'émigrants y parvenaient en traversant les
Rocheuses par la piste de Californie, ou depuis Sacramento et Marysville, en remontant le
fleuve Sacramento.
- Dans les mines du sud, se trouvaient une
majorité de Mexicains, de sud Américains, de Chinois, D'Européens, dont des Français.
On atteignait ces mines par Stockton en remontant la San Joaquin Valley.
Queues interminables, bateaux pris d'assaut : l'afflux est tel, dès 1849, qu'un service de vapeurs est mis en place entre San Francisco et Fort Sutter. John Sutter vend ses terrains entre le fort et le fleuve : ainsi naît la ville de Sacramento en 1849. Quais, théâtre, maisons de jeu, commerces poussent comme des champignons et tout continue de manquer pourtant, tant l'afflux des arrivants est massif (cinq mille personnes entassées dans des camps de toile en décembre 1849).
Tous les témoignages concordent : en
fait de terres promises, les camps de chercheurs d'or, passé la première année,
devinrent des cloaques immondes, toujours au bord de la barbarie. les collines rasées de
leurs arbres ne tenaient plus la boue en hiver, aussi n'était il pas rare que des
glissements de terrain engloutissent quelques dizaines de tentes. Ce qui attirait
immédiatement la foule, moins pour porter secours d'ailleurs, qu'avec l'espoir de voir
ainsi mis à jour un nouveau filon.
Aucune hygiène : les mineurs, le soir,
enlevaient simplement leurs bottes pour s'en faire des oreillers, parfois achetaient un
seau de cancrelats qu'ils se versaient sur la tête, ces animaux ayant la qualité
particulière, assurait on, de manger les poux. Et ils restaient souvent trois ou quatre
mois ainsi, sans laver leur vaisselle ou leur linge. Si l'un d'eux voulait jouer les
coquets, il enfilait simplement une chemise propre sur la sale.
les poux grouillaient, à tel point que les
mineurs se raclaient la peau au Bowie-knife (couteau) pour s'en débarrasser.
Les rats étaient si nombreux et agressifs
que les mineurs, pour s'en protéger, enfermaient dans leurs tentes des serpents ou des
chats sauvages pendant le jour.
Inutile de préciser que dans ces
conditions les hommes tombaient comme des mouches - qu'on laissait à l'air libre, hors
des camps, pour les repas des hyènes. Pas question , en effet, de creuser une tombe
et s'il s'était trouvé un filon, au dessous ?
Extrait : d'après le livre de
Michel le Bris Quand la Californie était française. (éditions le Pré aux
Clercs)
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